Aujourd'hui c'était la fête.
Le petit brun aigri de la secte catho du coin distribuait ses tracts, tandis qu'un groupe campagnards jouait sa musique dans les rues. 

On prend les habitudes vacancières, le short, rien foutre en écoutant très fort la musique, et boire de la bière en milieu d'aprèm parce que qu'on est rentré chez papamaman et que ceux des potos sont pas là. Partiels, on a dit partiels? Allez, on est pas des bâtards, on va regarder Good bye Lenin !, c'est un peu historique ça, non?

Bon, et que les choses soient claires. J'fais pas du social, sauf quand je l'ai décidé, avec mes petits vieux, j'préfère. J'suis pas là pour terminer tes phrases, te rendre la vie plus facile. Ni pour allez chercher les croissants au petit matin. Pas plus pour faire comme si tu avais de l'importance par une gène inexplicable. Dé-mer-de-toi. Si t'arrives plus à sortir une vanne quand je suis dans le passage, je vais vite laisser tomber : j'aime pas les gens chiants. J'vais pas non plus faire la meuf plus polie, qui fait davantage attention à elle. T'façon, je fais toujours le minimum, j'dois avoir des origines dans un pays chaud. 

Je suis sans pitié, sans scrupule, sans compassion, sans indulgence, pas sans intelligence, cf : Kill Bill, mon pote. 



 

Plus tard, il aura le gout des cigarettes roulées sur les lèvres. L'odeur du concert sur le corps et la voix éraillée, trop bourré pour conduire, il va se faire ramener par un pote.

Il est du genre dégingandé. La gueule du mec qui sait jamais trop ce qu'il fout là. Un peu comme si ses pensées avaient été projeté dans un corps qui n'est pas le sien. Et la maigreur à force de les bouffer, ces pensées. Il ne regarde pas trop les filles. La gène de l'adolescent débile n'est pas passée. Un T-shirt judas priest, les pompes trouvées dans un surplus de l'armée. Type qui veut passer inaperçu alors qu'on ne peut regarder que lui. 

C'est au bout de cinq bières qu'il passe son bras autour de mes épaules. Je lui réponds que j'ai mal au crâne, alors il recule et remet ses cheveux gras derrière son oreille. C'est le Casanova ivrogne. Il dit un truc que je n'entends pas et sourit comme si il attendait une réponse. Je hausse les épaules et il hausse les épaules.

Je pense alors que je le déteste. Mais que, hélas pour moi, il est vraiment. Beau. 
A me donner envie de vomir quand il est dans le coin. Tu sais, quand t'as soudainement plus envie de le voir, non je ne veux pas, j'ai mal au crâne bordel, je me casse, je vais vomir dans une ruelle et je ne reviendrais jamais, jamais. Mais jamais tu ne vomis sur tes cheveux parce finalement, il sourit et que même si tes mains tremblent comme des malades, tu les fous dans tes poches pour profiter de ça. Ce sourire ravissant.
 

Je me souviens encore être dans la voiture, soule. Oui parce que c'est une habitude de ne plus arriver à jeun . Genre à jeun avec une plâtrée de pâtes dans l'estomac, des sortes d'asticots qui s'agitent à chaque soubrausauts de cette foutue caisse. Comme dirait M. c'est la dalle douteuse quand t'es déchirée.  Donc on roulait avec cette foutue musique techno qui me détruisait les tympans. Et puis j'sais pas, j'avais dû loupé un ou deux chapitres à mon histoire, et quand elle passe sa main sur mon genou j'étais presque morte de rire. 

En rentrant dans le salon, y avait David Bowie qui chantait et deux meufs qui s'agitaient en parlant à F. et V. Je me suis rendue compte que le sol collait quand j'ai laissé tomber mon briquet et que la peau de mes doigts est presque restée accrochée au carrelage. 

Ensuite y a une des meufs qui me parlait. Je ne sais même plus ce qu'elle racontait : elle avait de trop grands yeux sous ses cheveux trop courts et j'avais envie de lui dire que son rouge à lèvre trop rouge lui filait une putain de tête de cadavre. Mais elle s'agitait et prenait des poses trop cool pour les photos. Et puis le plus sérieusement du monde elle me demande où j'ai acheté mes collants. Bah j'sais pas, Monop' quoi. Y avait des remises, et genre y me restait sept euros cinquante trois centimes sur mon compte que j'ai pensé. Elle fait une vieille mimique et me dit qu'elle achète ses collants dans les fripes à Paris. 

Là je me suis demandée si j'étais trop défoncée ou déjà trop bourrée. 
Alors j'ai posé mon verre en plastique où on avait noté : chaton au feutre en pensant : mais pauvre conne va. 

Mais je me suis entrainée à la méditation. Genre toute seule dans ma chambre pendant deux minutes, à respirer tranquillement. Et bien deux minutes c'est pas suffisant comme entrainement. Je lui ai répliqué que j'allais aller voir Jimi Hendrix en concert dans deux mois, et que ça allait être génial.
Je pense qu'elle est restée un peu dubitative.

Cherche pas t'aurais presque tort.

On se fait souvent assez d'autosuggestion pour croire à tout ce qu'il raconte. 

Mais les gars au foulard, te faisant croire qu'on est tous potes sont vraiment graves. La main sur l'épaule, le sourire aux dents dentifrice, chemise entre ouverte, pas capable de se souvenir de toi après une cuite. Arrête là mec. La sociabilité limitée est maladive. 

Un de mes profs me fait des confidences sur les chaussures qu'il porte et que je porte aussi et sur le fait qu'il croit me savoir intéressée par Joy Division par rapport au T-shit que je portais y a trois semaines. Et est-ce que j'ai vu le film sur Ian Curtis. Bordel, j'ai faillit m'ébouillanter avec mon café à 0,40 centimes d'euro. Il ignore sans doute mon prénom, mais faut pas croire qu'on te voit pas, perdue dans l'immensité de ton amphi. Alors je lui ai répondu que j'avais pas vu le film, mais que ça devait être vachement heureux, vu que le mec s'est suicidé à 23 piges. 

Bizarrement ça m'a retourné la gueule et j'me suis vue dans une trentaine d'année matter les minettes et leur dire : ouais alors vous aimez les pompes du Doc' et porter des T-shirt des Velvet? Merde. 

Sinon, j'ai des préoccupations vachement existentielles, à savoir : collant ou pas collant?
Alors moi je voudrais bien être préoccupée par ce genre de trucs à vie.