Juste vite fait là, j'aime pas trop être prise pour une conne. Je dis pas que je suis la fille la plus respectueuse du monde, mais j'ai des principes tu vois, j'ai été élevé et je me suis construit une ligne de conduite. C'est certainement pas une autoroute, pas non plus une nationale, peut-être juste une route de campagne, un peu chaotique et poussiéreuse, parce que je change d'avis tout le temps. Mais au moins j'essaie de m'y cantonner. 

Toi t'as plutôt l'air d'être le connard de service qui croit que tout lui est dû, tu prends les chemins escarpés mais fait gaffe ça va te jouer des tours. Lorsque je suis une des principales personnes concernées par ta connerie, j'aimerais au moins que t'ai le respect de me mettre au courant. La descente que je peux avoir en étant bourrée est pas très agréable, surtout quand j'apprends que je suis la seule pas renseignée. 

Espère surtout pas que je vais t'accueillir comme une fleur. Je vais être la pire salope que t'as jamais rencontré. Tu te crois bien trop important pour les autres, parce qu'ils sont sensés te rendre service, mais tu vas découvrir à quel point tu ne vaux rien. J'espère que t'as profité de tes vacances dans le sud, que tu t'es bien revigoré, que t'as pris de jolies couleurs, et surtout que t'as pris ton pied avec ta nouvelle meuf, parce que mec ,quand tu vas rentré, tu vas rien comprendre à ce qui t'arrive. 



T'inquiète, on va se marrer.



 

J'ai dû être camionneur dans une autre vie, ou bien j'ai perdu toute notion de ce que c'est, une fille.

J'ai passé trois jours dans une ville inconnue, avec de vraies filles qui regardent les chaussures très chères. 

Les vêtements très classes, il faut être la discrétion même au restaurant avec l'une, ne pas dire de gros mots avec l'autre, la politique de droite contre toute logique, se repoudrer le nez et se brosser les dents dans les chiottes des Halles. Ca parle déjà mariage à l'église, mômes. Ca s'intéresse à ma vie sentimentale, au fait que je me sois fait larguée, que c'est de ma faute, qu'il raconte qu'il s'est fait largué, de leur relation de cinq, trois et deux ans respectivement, alors que j'ai jamais tenu plus de neuf mois avec quelqu'un. 

Le regard des mecs glissent sur elles, elles marchent en s'en fichant pas totalement. Elle peuvent pas boire deux bières sans commencer à se révéler, obsession du poids et pieds sensibles après trop de marche. 

C'est toujours un peu bizarre de les entendre roter après ça. 

Y a toutes ces filles en shorts et débardeurs blancs. Les chaises sur les terrasses et les voluptes qui s'envolent. La ferme des animaux dans le parc, marcher pieds nus en ville, le cinéma toute seule, les nectarines. Et puis le volcan en Islande, DSK, la sécheresse : dont on a rien à foutre, parce que c'est la canicule. 

J'avais envie de changement, mais chez le coiffeur j'ai juste demandé les pointes. 

Dans mes entretients d'embauche, j'ai envie de leur dire que j'ai des capacités extraordinaires genre : faire l'alphabet en rotant, faire l'alphabet à l'envers en rotant, pédaler sur mon vélo sans les mains, mettre huit marshmallow dans ma bouche, dormir par terre sans problème, écouter un album de Diam's sans vomir. Je sais aussi coudre, faire des pastas, trouver les gens beaux pour rien, enchainer cent abdos. 

Mais au jour d'aujourd'hui, on ne prend plus en compte les réelles capacités des gens. C'est trop dommage. 
Le monde est pourri. 

Le seul moyen de ne pas se taper un reflux de culpabilité, c'est d'oublier sa propre connerie en espérant vraiment l'oublier. 

D'accord je ne me suis pas maquillée depuis deux semaines, j'ai passée mon temps à la bibliothèque avec un pull, un jean et des chaussures montantes. J'aurais aimé faire des efforts, mais je ne m'en sentais pas le courage et puis il faut savoir que la clim' est féroce là-bas. D'accord, ça fait trois semaines que je n'ai pas pris de cuite, me contentant d'un diabolo violette la seule fois où j'ai mis le nez dehors, un soir d'orage. Et presque autant de temps que je n'ai pas baisé. 

Mais M. est là pour tenir compagnie à mon mec et mon meilleur ami, alors me voilà rassurée. Parce que M. ne fait rien de sa vie et peut se payer le luxe de débarquer en ville n'importe quand. Et elle est marrante comme fille, j'en sais rien j'ai jamais eu l'occasion de la rencontrer M., c'est normal tu sors pas, t'es en partiels. OK.

Y a moyen de fondre un plomb dans ce genre d' ambiance merdique. Gavée à la caféine, à la nicotine, aux kellogg's. Ca rend désagréable, voyez.

Mais demain, demain les gars, dès cinq heures j'aurais plus qu'à ramper dans le caniveau, en compagnie de F., qui lui sait de quoi je veux parler. Hein, et puis y a guère que James Franco pour être sex sur des chiottes. C'est pas donné à tout le monde, ça. 

J'ai rêvé que j'étais poursuivie par un mec avec un bocal sous le bras. Ce qu'il y avait dans le bocal, j'en sais rien, c'était juste pas bon pour ce que j'avais. Je déteste me mettre à courir de toutes mes forces et avoir l'impression d'être au ralenti, comme si c'était impossible d'avancer. J'arrive dans mon appart' et là y a mes potes qui sont assis sur mes fringues et je fais un : ouais je sais c'est le bordel, hein. Alors je cherche mon chat, et puis à force de mettre des habits sur le sol, j'arrive à le trouver au fond de mon armoire, mais j'arrive pas à le choper. Je me dis qu'il faut quand même que je lui donne à boire. Mais le mec au bocal réapparait dans la pièce et je me planque derrière le siège de F., sauf que F. se retourne et me demande ce que je fous. Sérieux, qu'est-ce que tu fous, qu'il me fait... De toute façon la fenêtre est trop petite pour que je puisse me barrer par là. 

D'accord.